Apprentis d’Auteuil – École Saint-Martin Le Mans : Les professeurs innovent pour aider les élèves

Confinement. Le Mans : les professeurs innovent pour aider les élèves

Deux professeures des écoles racontent leur quotidien d’enseignantes lié au confinement. Après des jours de tâtonnement, les nouvelles technologies sont sources de solutions.

Le Mans. Céline Lunel-Moreau et Sophie Brière envoient des fichiers audio ou vidéo à leurs élèves. | LE MAINE LIBRE

La fermeture physique des écoles consécutive à l’épidémie de coronavirus a contraint les enseignants à « trouver une nouvelle organisation du travail avec un sentiment d’urgence », comme le confient Sophie Brière, professeure des écoles en maternelle à l’école Saint-Martin, au Mans, et Céline Lunel-Moreau, maîtresse en CE2, CM1 et CM2, dans la même école.

Dans les premiers jours du confinement, « les plateformes numériques n’étaient pas prêtes », rappelle Céline Lunel-Moreau. De nombreux parents ont rapporté des bugs et des problèmes de connexion. Pour remédier à cela, les initiatives alternatives se sont mises en place : e-mails, appels téléphoniques, SMS, WhatsApp, YouTube… Les nouvelles technologies permettent de mieux gérer l’isolement des élèves.

Une page YouTube

Pour Sophie Brière s’ajoute le problème de l’âge de ses élèves. « Je ne voyais pas ce que je pouvais leur donner comme travail, comme suivi, sachant que dans ma classe nous ne faisons que de la manipulation. En écrivant un mail pour expliquer les activités de mathématiques que nous faisons en classe, j’ai pensé aux élèves qui avaient des difficultés. Je me suis dit que s’il n’y avait pas école pendant 4 à 5 semaines, un décalage allait se créer. J’ai vu que c’était compliqué de décrire les activités par écrit, donc je les ai filmées ».

« J’ai commencé à envoyer les vidéos aux parents qui m’ont aussi envoyé des photos et des vidéos de leur enfant en train de faire l’activité. Je me suis dit : pourquoi ne pas en faire plusieurs tous les jours. Depuis le début du confinement j’en suis à une quarantaine de vidéos. Au début je les envoyais, mais c’était très long, donc j’ai créé ma page YouTube que j’ai nommée « l’école à la maison ». Sur cette page je filme des activités à faire sans matériel ni imprimante, avec juste du papier, un crayon et des objets qui se trouvent dans une maison. »

Des audios aussi

Céline Lunel-Moreau s’est mise à « faire des messages audio pour aider les élèves et/ou les familles qui ne lisent pas forcément très bien le français. On fait des vidéos pour expliquer comment ça marche, comment on fait d’habitude en classe… Aider un élève qu’on a à côté de soi est différent d’aider un élève qui est derrière un écran ou un cahier à la maison alors on cherche ».

Un lien qui se crée

Le confinement change également la distance entre enseignants et parents. « Il y a un lien qui est en train de se créer. Et je pense que c’est mon rôle de les rassurer. Le retour que j’ai c’est : merci, ça nous rassure que vous soyez là pour notre enfant, que vous preniez autant de temps pour lui, que vous vous intéressiez réellement à ce qu’on fait et ce qu’il fait », rapporte Sophie Brière.

Eviter les conflits

Un constat que partage Céline Lunel-Moreau : « Les enfants doivent accepter de travailler avec leurs parents ce qui peut générer des conflits ».

« Des parents envoient des messages disant ne pas toujours savoir quoi faire face au manque de motivation ou face à l’incompréhension dans certaines explications. Il faut rassurer les parents, que ce qu’ils font c’est bien, que le travail ne doit pas être source de conflit ».

« Les enfants me manquent »

« Chez les plus grands il y a peu de retours audio : on n’entend plus les enfants, ça manque ce temps d’échange », regrette Céline Lunel-Moreau. Un manque partagé par Sophie Brière : « Les enfants me manquent énormément, mais je le vis plutôt bien parce que j’ai un lien avec les parents et les enfants qui m’envoient des vidéos et des messages vocaux ».

Le confinement a également changé le rapport entre les enseignants eux-mêmes. « Avec le groupe WhatsApp, on échange sur nos pratiques, on se montre nos tests, on s’encourage, on échange sur nos difficultés, on se remonte le moral… Le confinement nous a rapprochés en quelque sorte. », conclut Céline Lunel-Moreau.

Le Maine-Libre – publié le 02/04/2020